
[Interview]: Kim Kamarebe Directrice d'Inua Capital
Kim Directrice d’Inua Capital, Directrice de fonds du réseau IPDEV 2, nous parle des difficultés et des opportunités auxquelles elle est exposée dans sa fonctions et dans son pays, de la place du genre dans le capital investissement et les objectifs et visions pour l’entrepreneuriat.
Commençons par quelques mots sur votre parcours : comment en êtes-vous arrivées à diriger un fonds dédié aux PME ? Comment s’est faite votre rencontre avec I&P?
Des années avant de rencontrer I&P, je suis retourné en Uganda pour créer le premier fonds d'investissement local et mettre en place un écosystème de capital-investissement. Mon rêve personnel était d'utiliser toute l'expérience que j'avais acquise à l'étranger (HSBC, Goldman Sachs...) pour favoriser le développement économique en Ouganda. Après avoir dirigé ma propre société de conseil en stratégie et en investissement, Damascus Advisory, puis le fonds d'investissement de 13 millions de livres sterling d'AgDevCo Uganda, j'ai pris contact avec I&P et nous avons convenu de lancer un nouveau fonds au sein du réseau IPDEV 2, dont je serais le gestionnaire.
Inua Capital a connu des succès différents auprès des investisseurs locaux.Sur quels critères se base votre confiance?
Il a par contre été plus difficile de lever des fonds localement en Uganda. Notre modèle de fonds peine à convaincre les investisseurs en Afrique de l’Est, particulièrement dans la sphère financière, paradoxalement pour les mêmes raisons qui ont séduit en Afrique de l’Ouest. Les investisseurs qui nous ont fait confiance sont aujourd’hui, aux côtés d’I&P, la Mastercard Foundation, Agrifi ou encore Argidius. Et même si le tour de table qu’on a réalisé ne compte aucun investisseur local, l’équipe d’Inua a, dans le processus de levée de fonds, réussi à sensibiliser à la nécessité de soutenir cette approche.
Le monde de la finance est un secteur qui reste très genré : le fait d'être une femme vous pénalise-t-il, soit auprès des investisseurs, soit auprès des entrepreneurs et chefs d'entreprise qui travailleront plus tard avec vous?
En Ouganda, le genre est surtout pénalisant pour les femmes qui n’ont pas eu accès aux hautes études. Moins le niveau d’éducation est élevé, plus la question du genre est problématique. La plus grande banque d’Ouganda est par exemple dirigée par une femme. À l’inverse, les femmes entrepreneures n’ayant pas eu accès à l'éducation, ou n'ayant pas pu poursuivre leurs études, ont difficilement accès à des offres de financement.
Les femmes (et les hommes) Ugandais(e)s qui ont le courage d’entreprendre sont nombreuses et nous nous engageons à les soutenir, à les accompagner, à renforcer leurs compétences pour révéler les championnes de l’entrepreneuriat de demain. Parallèlement, nous voulons être les pionniers du capital patient pour permettre à l’innovation africaine d’exprimer tout son potentiel sur le moyen et le long terme et donner l’occasion aux projets d’impact d’atteindre leur taille critique.